L'homophobie au travail, un phénomène toujours bien réel

Publié le par Stop a l'homophobie

Les mesures prises ces dernières années ont fait reculer une homophobie longtemps décomplexée dans la sphère professionnelle, mais le travail reste l'un des principaux lieux où s'exercent les discriminations liées à l'orientation sexuelle.

Insultes, moqueries, mises à l'écart, refus de promotion et parfois même licenciement... autant de formes que revêt l'homophobie au travail, selon le rapport 2011 de SOS Homophobie. En ce 17 mai, journée consacrée à la lutte contre les discriminations envers les homosexuels, bisexuels et transsexuels (LGBT), l'association rappelle que 137 cas ont encore été recensés cette année. Un chiffre en légère diminution par rapport à l'an dernier, où 144 cas avaient été répertoriés. Jusqu'en 2008, l'environnement de travail était le premier contexte pour lequel SOS homophobie était saisie, mais "afficher une homophobie décomplexée ne paraît plus 'politiquement correct' tandis que le dispositif législatif contre les discriminations, et l'homophobie en particulier, limite ces situations". 

L'environnement professionnel reste toutefois le troisième lieu où s'expriment les discriminations, derrière Internet et les espaces publics. "Solange ne cache pas son homosexualité au travail. Sa collègue ne cesse de tenir des propos homophobes", cite par exemple SOS Homophobie à partir des nombreux témoignages reçus. Harcèlement et discriminations concernent 71% des cas, suivis des insultes, pour 41% des salariés discriminés. 67% des victimes sont des ouvriers ou employés, et l'homophobie vient quasiment autant des collègues que des supérieurs hiérarchiques. "Au fur et à mesure que les relations se tendent dans les entreprises publiques ou privées et dans les administrations, l'homophobie s'avère, parmi tant d'autres discriminations, un moyen de tourmenter un collègue, de ridiculiser un supérieur, de harceler un subordonné", analyse le rapport. 

REUTERS /Enrique Castro-Mendivil

"Deux semaines de congés payés au lieu de cinq"

"Ces comportements ne sont sanctionnés que dans 8% des cas", expliquait à l'Expansion.com Catherin Fripon, porte-parole de l'association L'Autre Cercle. Dans certains cas seulement, de licenciements abusifs par exemple, des salariés discriminés parviennent à obtenir le versement de dommages et intérêts. Les entreprises "défendent [souvent] leur non ingérence dans la vie privée et intime des collaborateurs/trices afin de n'intervenir ni sous forme punitive, ni sous forme préventive", déplore SOS Homophobie. 

En termes de salaires, les inégalités restent difficile à évaluer, mais selon Thierry Laurent et Ferhat Mihoubi, chercheurs auCentre d'étude des politiques économiques, "la comparaison des salaires des travailleurs homosexuels à ceux de salariés hétérosexuels possédant exactement les mêmes caractéristiques montre que les gays subissent une pénalité forte, aussi bien dans le secteur privé (- 6,2 %) que dans le secteur public (-5,5 %)". Selon les deux économistes, auteurs d'une étude sur le sujet et cités dans le rapport, "cette pénalité représente, en moyenne, une perte annuelle pour chaque salarié d'environ 1 500 euros : de fait, tout se passe comme si les gays ne disposaient que de deux semaines de congés payés au lieu de cinq", une discrimination salariale supérieure à celleconstatée entre hommes et femmes.  

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